Montréal, Québec




Paris, France





Adrian’s Fantastic Junk Sale


par Camille Le Houezec




A Los Angeles l’art conceptuel est « l’artisanat local ». Les avenues en portent les traces, ses habitants ont digéré les influences de ce courant et chaque déplacement dans la ville est l’occasion de constater la présence, la popularité d’un art basé sur une esthétique épurée, reposant souvent sur des phrases devenues slogans. Les panneaux publicitaires portent les signes caractéristiques de ce courant artistique qui a densément influencé le milieu de la communication : lettres noires se détachant sur un fond blanc, et vouées à faire passer un message fort. A présent, le conceptual art fait partie du folklore et n’appartient plus uniquement au milieu de l’art contemporain. Cette forte inscription conceptuelle finit par nous rendre paranoïaque et souvent l’on croit reconnaître une citation d’artiste apposée à une campagne publicitaire d’une marque de jean ou d’un fast food.

Ayant baigné dans ce contexte lors de son séjour de trois mois à L.A., et se questionnant sur l’héritage conceptuel, Adrien Guillet a très vite ressenti le besoin de s’approprier ces signes visibles quotidiens faisant partie depuis un certain nombre d’années de la culture populaire locale. Pour produire les pièces présentées à White Corners, Adrien s’est emparé des codes visuels de l’art conceptuel en se détachant des tenants et aboutissants de celui ci pour créer un décalage mince. Ne pensant pas que l’on puisse encore aujourd’hui mimer l’art conceptuel, il se rapproprie systématiquement ici les éléments distinctifs d’un art immatériel en ajoutant à cette esthétique, ses préoccupations habituelles comme le monde du travail, de l’économie, les échanges ou les objets de communication.

Adrien présente donc des objets trouvés, achetés, collectionnés mais aussi des productions personnelles qui seront mises en vente à White Corners et sur internet afin de clôturer ce cycle intimement lié à une ville et ses spécificités. Les objets sont soigneusement disposés sur les plaids comme sortis du grenier. C’est le grand déballage, six mois de réflexion, de production et de collection sont réunis sur ce stand et attendent le curieux, l’amateur de choses rares, précieuses ou décalées qui viendra fouiner et dénicher son trésor. ❙